Comédien, metteur en scène et directeur de théâtre, Jo Tréhard anima pendant vingt-cinq ans la vie culturelle de Caen. Passionné de théâtre, il devint en 1945 le responsable des "Veillées et jeux dramatiques" de la municipalité et y implanta en 1947 un Centre régional d'art dramatique. Dans la ville en ruines, il transforma un hangar des surplus américains - Le Tonneau - en véritable lieu théâtral où furent accueillis de grands succès de l'époque parmi lesquels Charles Dullin dans L'Avare (1949) ou Gérard Philippe dans Le Cid (1951). Très impliqué dans la construction du nouveau théâtre municipal qui fut inauguré en 1963 sous le nom de T.M.C. (Théâtre-Maison de la Culture de Caen), Jo Tréhard y poursuivit avec sa compagnie dramatique un travail de création au rayonnement national (permettant notamment à Antoine Vitez de réaliser ses premières mises en scène) ainsi qu'un combat permanent pour l'accession du plus grand nombre à la culture. En désaccord avec la mairie, il dut quitter le T.M.C. en 1969 et pour sa compagnie promue Centre dramatique national, il inventa un troisième théâtre, quatre ans avant sa mort. Son parcours en fait aujourd'hui une figure exemplaire de l'histoire de la décentralisation théâtrale.

Le fonds a été identifié et classé par Joël Masson, qui fut secrétaire général du Théâtre-Maison de la culture de Caen et collaborateur de Jo Tréhard.

Fonds entré en 2002.

Le fonds Jo Tréhard comprend les archives de ses mises en scène, dans le cadre de la salle des Beaux-arts, du Théâtre-Maison de la culture ou de la Comédie de Caen, comme dans le cadre de représentations en plein air. Celles-ci ont eu lieu lors du Festival de Normandie de 1950 à 1953, à Coutances et à Caen, avec notamment la représentation en 1953 du Chevalier de neige de Boris Vian (présence dans le fonds d'une version manuscrite originale de la pièce et de correspondance avec Boris Vian) ou lors de ses collaborations avec la Jeunesse agricole catholique (JAC) et le Mouvement international de la jeunesse agricole et rurale chrétienne (MIJARC). Pour ces mouvements, il a mis en scène, entre 1951 et 1968, de nombreux jeux scéniques avec des comédiens amateurs, notamment en 1960, lors de l'important congrès international de Lourdes.

Le fonds contient également les archives professionnelles du directeur de salles que fut Jo Tréhard, avec de la documentation sur les différentes troupes et les différents lieux qu'il a créés ou animés, depuis les Comédiens de la Claire fontaine en 1946 jusqu'au Centre dramatique national, le "32 rue des Cordes", fondé quatre ans avant sa mort. Toutefois, l'ensemble documentaire le plus important concerne le Théâtre-Maison de la culture (TMC) avec des archives sur la conception, la construction, l'inauguration, l'administration et l'animation du lieu, jusqu'à sa dissolution en 1969, avec une très importante correspondance, des comptes-rendus de réunions avec les tutelles municipales, des dossiers de presse et des dossiers iconographiques. Au travers de ce fonds, c'est l'intérêt constant de Jo Tréhard pour l'architecture théâtrale, la création de lieux de représentation et de vie culturelle qui est mis en lumière, ainsi que la réalité de la décentralisation théâtrale.

Les documents postérieurs à la mort de Jo Tréhard ont été réunis par les ayants droit de l'auteur et concernent soit la Comédie de Caen dirigée par Michel Dubois (programmes, textes de pièces), soit les hommages rendus à Jo Tréhard. 

Fonds Antoine Vitez ; Fonds Michel Dubois