
Fonds Paul Virilio (1932-2018) et Suzanne Virilio (1927-2016)
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Cote :
802VIR/1 - 802VIR/95
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Date(s) :
1960-2016
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Description physique :
95 boîtes d'archives et 51 boîtes d'imprimés
Importance matérielle : 20,25 ml
- Producteur de l'archive : Virilio, Paul (1932-2018)
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Biographie ou historique :
Urbaniste de profession, sociologue et philosophe, penseur des nouvelles technologies et de la géopolitique contemporaine, Paul Virilio, né à Paris, en 1932, est l'une des figures fortes et originales de la French Theory dont l'audience est mondiale. À partir d'une réflexion inlassablement reprise tout au long de sa vie intellectuelle sur le phénomène de la vitesse et de l' « accélération effrénée du monde » dont il révèle, avec un art de visionnaire, toutes les conséquences morales, politiques et culturelles, il s'est affirmé comme l'un des théoriciens les plus influents sur toutes les questions-clefs de la modernité : la ville, le virtuel, l'immatérialité, la désintégration des territoires, la mondialisation, l'écologie, l'accident et la catastrophe, la guerre sous toutes ses formes.
Marqué à vie par le souvenir des bombardements de Nantes, Paul Virilio se décrit comme « un enfant de la guerre totale ». Formé d'abord comme maître verrier à l'Ecole nationale supérieure des métiers d'art de Paris, Paul Virilio est embauché à l'atelier de vitrail d'Adeline et Paul Bony. Il réalise avec Henri Déchanet, les vitraux de l'église Notre-Dame-des-Pauvres d'Issy-les-Moulineaux, dessinés par le peintre Léon Zack et réalisé dans l'atelier du peintre, rue de la Vieille Forge à Vanves, puis ceux du couvent de la Clarté-Dieu à Orsay, dessinés par Serge Rezvani.
En 1954, il épouse Suzanne Gruault qui collaborera intimement à son œuvre, tant au niveau du vitrail que plus tard, de l'écriture des articles et des livres.
Tout en travaillant à la peinture - c'est le début de ses recherches sur les Antiformes - il crée en 1955, son propre atelier, rue Rousselet dans le 7è arrondissement. C'est l'époque où maîtres verriers et peintres collaborent sur ce que l'on appelle les traductions (où comment passer de l'opacité de la toile à la transparence du verre). Il réalise des vitraux pour Poliakoff, Matisse, Chagall, Kay Sato, Ubac, Braque, Bissière, Carrade tout en suivant en auditeur libre les cours de la Sorbonne, ceux de philosophes comme Vladimir Jankélévitch, Merleau-Ponty... mais aussi ceux de physiciens comme Louis de Broglie ou René Thom. En 1954, il dirige une galerie de peinture, rue de l'Ancienne Comédie, Paris 6e.
Dès 1957, il a 25 ans, il entreprend une étude phénoménologique des territoires militaires et, notamment, les bunkers du mur de l'Atlantique. Travail qui se conclura en 1975, par l'exposition Bunker Archéologie au Musée des Arts Décoratifs, pour la CCI Beaubourg.
Le peintre Michel Carrade lui présente l'architecte Claude Parent et en 1963, Paul Virilio fonde avec le sculpteur Morice Lipsi, le peintre Michel Carrade et l'architecte Claude Parent, Architecture Principe, qui formera de grands noms de l'architecture tel, Jean Nouvel. L'année suivante , il publie le numéro 1 de Architecture Principe, manifeste pour une « architecture oblique », concept qui marquera l'histoire de l'architecture française contemporaine.
Il devient professeur à l'Ecole spéciale d'architecture (ESA), dont il sera plus tard directeur puis président du conseil d'administration. Il se fait remarquer par sa pédagogie hors normes et la qualité des workshops qu'il organise (Liz Diller, Bernard Tschumi, Odile Decq, le photographe Raymond Depardon, le dessinateur Moebius, Jean Nouvel, etc. )
Paul Virilio exerce également un rôle important également au sein du comité de rédaction de plusieurs revues : Esprit , dès 1969, mais également Cause commune (qu'il créé avec le sociologue Jean Duvignaud) ou Georges Pérec les rejoint et, Traverses (au Centre Pompidou ) de 1975 à 1984. Il dirige à partir de 1974 la collection « L'espace critique » aux éditions Galilée où il édite plus de vingt titres, et notamment Georges Pérec, Jean Duvignaud, Ignacio Ramonet, Marc Augé, Félix Guattari et Jean Baudrillard.
Son premier essai, L'Insécurité du territoire parait en 1976 aux éditions Stock. Vingt-quatre autres titres suivront chez Balland, Bourgois, Galilée, Cahiers du Cinéma... ainsi que les entretiens pour des éditeurs français et étrangers. Ses publications portant sur tous les domaines culturels, que ce soit la géopolitique, la stratégie militaire, le cinéma ou l'informatique (une quarantaine d'ouvrages), le font connaître, à partir de 1975, dans des milieux très divers, intellectuels, artistiques, écologiques ou urbanistiques.
Tout au long de sa vie, Paul Virilio a écrit pour de très nombreux journaux et publications, tant en France qu'à l'étranger : Libération, Le Monde, Le Monde diplomatique, Critique, Urbanisme, Les Cahiers du Cinéma, L'Autre Journal, Le Nouvel Observateur, L'Architecture d'Aujourd'hui, El Païs (Espagne), Die Tageszeitung (Allemagne), The New Statesman (Grande-Bretagne), Artforum (États-Unis), L'Illustrazione Italiana (Italie), Gaya Scienza (Japon), etc.
Il reçoit le Grand prix national de la Critique architecturale en 1987, devient directeur de programme au Collège de philosophie en 1990 sous la direction de Jacques Derrida et membre du Haut Comité pour le Logement des défavorisés en 1992.
Dès 1975, les expositions s'avèrent un médiums qu'il privilégie. En 1991, il collabore à l'exposition La Vitesse organisée par la Fondation Cartier pour l'Art contemporain à Jouy-en-Josas. En 1996, il participe à l'exposition Bloc, le monolithe fracturé, à la VIe Mostra de Venise (commissariat Frédéric Migayrou). Il collabore de nouveau avec la Fondation Cartier pour 1 Monde réel (1999), Le Désert (2000) et devient le commissaire d'expositions qui font date : Ce qui arrive (2002), Terre natale. Ailleurs commence ici (avec Raymond Depardon en 2008).
En 2008, Paul Virilio est au centre du film de Stéphane Paoli : Penser la vitesse, documentaire de 90 mn/ La Générale de Production/ ARTE France), sa pensée se confronte aux réflexions de Rifkin, Bilal, Yunus, Bender, Klein, Jean Nouvel...
Hanté par la désynchronisation du temps humain et du temps technologique, Paul Virilio, qui a appelé à la création d'un Ministère du temps, aura tenté tout au long de sa vie et aux avant-postes de la pensée contemporaine, de réfléchir la plupart des grandes mutations de la modernité. En 2009, durant la COP15, l'installation Exit, issue de l'exposition Terre Natale, de la Fondation Cartier pour l'Art Contemporain, conçue par les artistes et architectes Diller Scofidio et Renfro sur une idée de Paul Virilio est présentée au Kunsthal Charlottenborg de Copenhague au Danemark.
En 2016, Paul Virilio perd son épouse et compagne de travail, Suzanne et confie, en 2017, une partie de ses archives privées à l'Institut Mémoires de l'Édition Contemporaine (IMEC). Il accepta de participer, en 2018, à l'exposition Remembering Landscape à Siegen (en Allemagne). Paul Virilio nous a quitté le 10 septembre 2018.
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Modalités d'entrée :
Fonds entré en 2017.
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Présentation du contenu :
Les archives de Paul Virilio reflètent toutes les facettes de sa pensée et de ses activités. Elles comprennent les manuscrits de la plupart de ses ouvrages, articles et conférences, aussi bien en France qu'à l'étranger, ses notes de cours, ses projets, ses dossiers de préparation d'exposition. Une documentation importante, constituées de textes annotés mais aussi de très nombreuses coupures de presse surlignées et commentées concernant quelques-uns des pôles d'intérêt du philosophe (accidents, catastrophes, krachs bancaires, informatique, médias, armes, fusées, gares, véhicules, ponts, tours, citadelles ou bunkers) complètent cet ensemble, ainsi que des enregistrements d'entretiens et d'émissions et des documents audiovisuels.
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Condition(s) d'accès :
Communicable
- Langue et écriture des documents : Français
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Bibliographie :
- Bunker Archéologie (1975), L'Insécurité du territoire (1976), Vitesse et Politique (1977), Défense populaire et luttes écologiques (1978), L'Horizon négatif (1984), L'espace Critique (1984), Guerre et cinéma (1984), La Machine de vision (1988), Esthétique de la disparition (1989), L'Inertie Polaire (1990), L'Écran du désert (1991), L'Art du moteur (1993), La Vitesse de libération (1995), Un paysage d'événements (1996), La Bombe informatique (1998), Stratégie de la déception (1999), La Procédure silence (2000), Ce qui arrive (2002), Ville panique (2004), L'Accident originel (2005), L'Art à perte de vue (2005), L'Université du désastre (2007), Le Futurisme de l'instant (2009), Le Grand Accélérateur (2010).
Ces vingt-quatre essais ont été traduits en Allemagne, Argentine, Autriche, Belgique, Brésil, Chine, Corée, Danemark, Espagne, Finlande, Grande-Bretagne, Grèce, Hongrie, Israël, Italie, Japon, Liban, Pologne, Portugal, Russie, Slovaquie, Suède, République Tchèque, Turquie, USA...
Autres textes :
- Voyage d'hiver : entretiens / Paul Virilio, Marianne Brausch . - Marseille : Éd. Parenthèses, 1997.
- La Pensée exposée : textes et entretiens pour la Fondation Cartier pour l'art contemporain / Paul Virilio. - Arles : Actes Sud ; Paris : Fondation Cartier pour l'art contemporain ; Québec : Leméac, 2012.
- Dromologie 01 ( Cahiers Paul Virilio ) publié par Eterotopia et porté par un comité éditorial international, mars 2021.
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Relation(s) avec d'autres fonds ou documents :
Fonds Jean Baudrillard ; Fonds Jean Duvignaud ; Fonds Félix Guattari ; Fonds Collège international de philosophie ; Fonds Parlement international des écrivains ; Fonds Christian Bourgois
- Organisme : Institut Mémoires de l'édition contemporaine (IMEC)