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  • Coupures surréalistes (1947-1972)

C o u p u r e s

s u r r é a l i s t e s

(1947-1972)


                                     P R É S E N T A T I O N



Le 26 mai 1946, André Breton est de retour à Paris après  presque cinq années d’exil à New York. Quel avenir, quel devenir pour le surréalisme  ? À partir de l’après-guerre la question se pose en France de la place du mouvement dans un paysage intellectuel qui lui est particulièrement hostile, marqué par l’émergence de l’existentialisme et l’hégémonie culturelle du parti communiste. 

Jusqu’au seuil des années 1970, André Breton (1896-1966) et ses amis vont préciser le sens de leur réponse à l’état de fait du monde en optant pour une coupure sur plusieurs plans : coupure avec les injonctions politiques les plus communément adoptées par les intellectuels de gauche au nom de fins soi-disant supérieures autorisant toutes les infamies ; coupure avec les critères ordinaires de la moralité en prenant le parti de l’imagination puisant ses forces dans l’humour envers et contre tout, l’omnipotence des passions ou encore les cultures extra-occidentales ; coupure avec le « bon goût » esthétique empêtré dans les conflits stériles de la figuration et de l’abstraction, du réalisme et du fantastique, comme dans l’impasse de l’engagement. 

Quelques années avant son auto-dissolution, le groupe surréaliste parisien trouve la formule la plus appropriée et sûrement la plus périlleuse, en ayant recours à l’œuvre de l’utopiste du XIXe siècle Charles Fourier : « L’Écart absolu » (Théorie des quatre mouvements). C’était tenter le tout pour le tout afin de surmonter ce que Breton avait déjà nommé  dans Arcane 17 (1944-1947), « une époque sauvage ».
F

 
L'écart absolu, c’est ce parti pris qui oriente le choix des archives présentées dans cette galerie surréaliste ; sans viser un point de vue de surplomb embrassant l’ensemble des enjeux, ces documents rarement exposés échappent néanmoins à deux travers :  ils contournent les cadres chronologiques habituels et les lieux communs les plus exploités d’un mouvement trop souvent réduit à son apport étroitement artistique.

 Centrées sur la période s’ouvrant à partir de 1945, les collections surréalistes de l’Imec permettent d’ébaucher une autre histoire des coupures surréalistes pour aborder un pan négligé d’un mouvement international se plaçant passionnément sous le « signe ascendant ».

Jérôme Duwa

Crédits et remerciements

Remerciements


L’Institut Mémoires de l’édition contemporaine remercie ses partenaires privilégiés, le ministère de la Culture (direction régionale des affaires culturelles) et la Région Normandie, pour leur fidèle soutien.

L’Institut exprime également sa gratitude aux ayants droit et donateurs des documents réunis par Jérôme Duwa pour  cette exposition numérique : Ambroise et Stéphane Audoin, Ludmila Bédoin, Aube Breton, Aurélie et Martine Courtot, Édith Heurgon, Baptiste Faucheux, Anthony et Michèle Friend, Nelly Feuerhahn, Josette Hébert, Éric Hoppenot, Fusako Jouffroy, Sylvette Legrand, Joëlle Losfeld, Sibylle Pieyre de Mandiargues, Nicole Pierre, Elda Zanetti-Henry.













Illustrations d'arrière-plan


  Présentation - « écartelages» de Pierre Faucheux
  Refaire l'entendement humain - détail d'un « écartelage » de Charles Fourier par Pierre Faucheux
  La liberté - détail de la couverture du n°1 de la revue Bief (1958)
  L'amour : détail de la couverture du n°2 de la revue L'Archibras (1967)
  La poésie : détail de la couverture de Carrefour des errances de Claude Courtot (1971)
  À cœur perdu : détail d’une photographie d’André Breton par Gisèle Freund




Fonds et collections : 


Philippe Audoin
Jean-Louis Bédouin
Centre culturel de Cerisy-la-Salle
Claude Courtot
Pierre Faucheux
Gisèle Freund
Maurice Henry
Alain Jouffroy
Gérard Legrand 
Éric Losfeld
André Pieyre de Mandiargues
José Pierre
Jean Schuster

Une traversée des 

des archives surréalistes  

de l’Imec par Jérôme Duwa

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Refaire  l’entendement humain

Refaire l’entendement humain

   À l’occasion d’un hommage à Antonin Artaud [1946], André Breton élargit la revendication du surréalisme qu’il formule désormais selon une triple aspiration mêlant Marx, Rimbaud et sa découverte faite lors de son exil américain : l’œuvre du phalanstérien Charles Fourier (1772-1837). Désormais, les trois mots d’ordre sont : transformer le monde,  changer la vie et refaire de toutes pièces l’entendement humain.

Fonds Pierre Faucheux

1965
     Pierre Faucheux : Écartelages - quatrième portrait harmonique de Charles Fourier (L'Archibras 3, le surréalisme en 1968). 
    En plus de ces portraits harmoniques de Charles Fourier,  Pierre Faucheux (1924-1999) a réalisé la scénographie de l’exposition de la Galerie de L’Œil. Philippe Audoin le qualifie d’ingénieur illuminé, disposant de toutes les ressources de la technique et de la poésie (Les Surréalistes, Éditions du Seuil, 1973).

Refaire l’entendement humain

Le Consommateur

Fonds Pierre Faucheux

1965
   Véritable totem anti-consumériste, le Consommateur (photographie de Suzy Embo) prenait place au centre de l’exposition « L’Écart absolu » de la galerie de L’Œil (1965). 
   Il a été conçu par Jean-Claude Silbermann (1935-).

Refaire l’entendement humain

Invitation 

à L’Écart absolu

Fonds Pierre Faucheux

1965
   La XIe exposition internationale du surréalisme (1965) se place sous l’autorité du socialiste utopiste du XIXe siècle Charles Fourier, l’auteur de  La Théorie des quatre mouvements :  « Colomb, pour arriver à un nouveau monde continental adopta le système d’Écart absolu. »

   Maquette par Pierre Faucheux

Refaire l’entendement humain

Dans la Galerie de l’Œil







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Fonds Pierre Faucheux

1965
   Comme quatre autres expositions internationales du mouvement (1938, 1942, 1947, 1959), celle  de la galerie de L'Œil répond au souci de mise en scène des manifestations désirées par les surréalistes. 
   Par exception, celle de 1965 s'est faite sans l'aide précieuse de Marcel Duchamp. 

Clichés : Suzy Embo

Dans la Galerie de l'Œil

Fonds Pierre Faucheux

1965

Refaire l’entendement humain

Tranchons-en









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Fonds Pierre Faucheux

1965
   Tract accompagnant l'exposition « l'Écart absolu » de la Galerie L’Œil qui se revendique comme une manifestation de « Combat » tournant en dérision les standards du « bonheur » de la société industrielle de consommation de masse.

Tranchons-en

Maquette du tract

1965



     La liberté


La LibertÉ

Fonds Centre culturel de Cerisy

1966
   Le 14 juillet 1966, en ouverture de sa conférence à la décade de Cerisy-la-Salle sur Le Surréalisme dirigée par Ferdinand Alquié, Jean Schuster déclarait : 

   Mesdames, Messieurs, le surréalisme se distingue des courants de la pensée révolutionnaire, antérieure ou contemporaine, par son pessimisme fondamental quant au destin de la liberté. 
     Cela tient non pas tant aux expériences que les surréalistes ont vécues au même titre que d’autres, mais profondément à ce que, d’une part, le surréalisme n’est pas un humanisme et, d’autre part, à ce que le rationalisme, généralement tenu pour une force d’émancipation est, à son regard, le plus accompli des systèmes d’oppression de la pensée. 

L'anti-stalinisme

Fonds André Pieyre
de Mandiargues

1956
Au tour des livrées sanglantes!

Ce tract rédigé par Jean Schuster et revu par André Breton tire les conséquences du rapport de Khrouchtchev au XXe Congrès du Parti communiste d’URSS (24 février 1956) au sujet des crimes de Staline et réclame la réhabilitation de Trotsky, en même temps que la destitution de Maurice Thorez, premier secrétaire du Parti communiste français. 


H

Au tour des livrées sanglantes

Fonds André Pieyre
de Mandiargues

1956

L'anti-stalinisme

Hongrie, soleil levant

Fonds José Pierre

1956
     Les surréalistes saluent l’insurrection de Budapest contre la politique « ultranatio-naliste » de l’URSS.

L'anti-stalinisme




Pas de pasteurs 
pour cette rage



H

Fonds José Pierre

1968

   Ce tract imprimé en cinq couleurs a été composé collectivement au domicile de Claude Courtot, au 28 de la rue de Douai à Paris ; plusieurs surréalistes apportèrent leur contribution à sa mise au point : Annie Le Brun, José Pierre, Vincent Bounoure, Gérard Legrand, Claude Courtot et Jean Schuster, qui en proposa le titre à double entente.  
   Pas de Pasteur (avec une majuscule et une pointe d’humour), parce qu’il s’agit surtout de ne pas mithridatiser ceux que la presse désigne comme les « enragés » : leur révolte doit se déployer le plus librement possible. 
   Et aussi : pas de pasteur  (avec une minuscule), parce que  les masses éclairées n’ont besoin de personne pour leur indiquer quelle marche suivre. 

Pas de pasteurs pour cette rage

Manuscrit - Fonds Claude Courtot

1968

L'anti-colonialisme

Actualités et atrocités

Fonds José Pierre

1949
Déclaration collective à l’initiative de jeunes compagnons d’André Breton, parue le 17 juin 1949 dans le journal Le Libertaire, auquel les surréalistes vont collaborer jusqu'à la polémique contre Albert Camus à l’occasion de la parution de L'Homme révolté (1951).

L'anti-colonialisme

L’émancipation 
absolue 
des peuples 
coloniaux…

Fonds Jean Schuster

1955
   L'anti-colonialisme constitue une des données fondamentales du mouvement surréaliste depuis les déclarations du groupe contre la guerre au Maroc en 1925 ou le tract « Ne visitez pas l'exposition coloniale » de 1931. 

Texte resté inédit de Jean Schuster. 

L'anti-colonialisme

Le Manifeste des 121

Fonds Jean Schuster

1960
   Cette lettre de Maurice Blanchot concerne la Déclaration sur le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie, autrement dit Le Manifeste des 121 (1960) co-rédigé par Dionys Mascolo, Jean Schuster et Maurice Blanchot. 
   Fréquemment attribué à tort à Jean-Paul Sartre qui y a simplement  apporté sa signature, on oublie de souligner combien ce texte collectif s’inscrit dans la logique de l’anticolonialisme surréaliste. 

L'humour






Rire





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Fonds Philippe Audoin

1965
   Dessins de Philippe Audoin (1924-1985) parus dans la revue La Brèche n°8, en novembre 1965, sous le titre « Jour de liesse II ».   Ils répondent à des cartes postales de Jean et Huguette Schuster échangées durant l'été 1965.

Jours de liesse

Fonds Philippe Audoin

1965

L'humour

Les toiles, c’est laid

Fonds André Pieyre 
de Mandiargues

1952
Papillon comportant un calembour de Marcel Duchamp, alias Rrose Sélavy, qui circule lors de  l'ouverture de la Galerie L'Étoile scellée (décembre 1952), au 11 rue Pré-aux-Clercs à Paris.. 

   L’amour

l’amour

Fonds Claude Courtot

1966

(…)
Hosannah d’avance pour ce sable
Qui change nos deux corps contre leur pesant d’or
Dans le seul sablier du soleil désespoir
Hosannah
Pour cette aveuglante minute qui déjà se dévore
Hosannah pour la page en train de s’effriter où nos deux noms ne font
qu’un entrelacs
Mon amour pour ta chair et la nôtre 
Hosannah dans six cent mille années
Il restera de Rien cette gloire et rien d’autre

  Gérard Legrand, Hosannah
  Tiré du recueil Marche du lierre paru aux Éditions Éric Losfeld en 1969,  ce poème d’exaltation de l’amour a également trouvé place dans le premier numéro de la revue Coupure (octobre 1969) co-dirigée par Gérard Legrand, José Pierre et Jean Schuster. Par-delà tabous et préjugés, dont les surréalistes eux-mêmes ne sont pas totalement exempts, de nouveaux mondes amoureux restent à explorer.

Sade : Bona aux seins violets

         Organisée au domicile de Joyce Mansour, l'« Exécution du testament du marquis de Sade » par Jean Benoît accompagnait l'exposition E.R.O.S. à la Galerie Cordier. Bona se rendit à cette cérémonie  privée sous un déguisement approprié.
        André Breton conclut par ces mots le texte qu’il consacre en 1959 au grand cérémonial de Jean Benoît : « Laissez passer le marquis de Sade "tel qu’en lui-même " et réinvesti de tous ses pouvoirs par Jean Benoît. » 

Fonds André Pieyre 
de Mandiargues

1960

Sacrilège 

Le nécrophile

Fonds Pierre Faucheux

1965
Dans son costume de violateur nécrophile, en référence au Sergent Bertrand, Jean Benoît (1922-2010) sillonnait les salles bondées de l’exposition « L’Écart absolu » (1965) lors de son vernissage.

Clichés : Suzy Embo

Le nécrophile

Fonds Pierre Faucheux

1965

L’érotisme

Breton précise aux participants de l'exposition quels seront les grands principes de la manifestation E.R.O.S. organisée dans la galerie de Daniel Cordier, 8 rue de Miromesnil à Paris.

Fonds José Pierre

1959

Au nom de Freud

Principe de plaisir

Fonds Jean Schuster

1967
      Voyage de Martine et Claude Courtot à Prague pour préparer l'exposition itinérante Principe de Plaisir, réalisée en accord avec le groupe surréaliste de Tchécoslovaquie, au temps du « socialisme à visage humain ».

« Désexualiser » la femme?

Enquête sur le strip-tease

Fonds Pieyre de Mandiargues

1955
Recueillant des réponses d’hommes et de femmes, cette enquête parue dans les livraisons 4 et 5 de la revue Le Surréalisme, même (1958-1959) entendait réagir à l’une des Mythologies (1957) de Roland Barthes.

Censures



Éric Losfeld




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1968
   Fidèle éditeur des revues surréalistes depuis Médium, dans les années 50, jusqu’à L’Archibras après la mort d’André Breton, Éric Losfeld a acquis une réputation sulfureuse pour avoir publié dans ce qu'on appelait alors le « second rayon ». Il en résulta quelques succès comme la bande dessinée Barbarella ou le roman érotique Emmanuelle et aussi de nombreux procès, en une époque de grande rigueur de la censure. 
   Dans le catalogue de ses éditions Arcanes, Éric Losfeld se revendique « éditeur surréaliste avant tout ».

Éric Losfeld

Catalogue des Éditions Arcanes

1968

La beauté convulsive

Le Centenaire de l'hystérie

Fonds Gérard Legrand

1989
Comme d'autres membres du groupe refusant par principe toute spécialisation, Gérard Legrand (1927-1999) s'affirmait comme poète, philosophe et, plus occasionnellement, collagiste.
     La poésie

La poésie

Ce mot de poésie recouvre un malentendu, puisque les surréalistes ne l’employaient pas dans son sens banal, mais l’élargissaient bien au-delà de la question du poème. 
   Même si la poésie peut à l’occasion circuler dans l’écriture, ce n’est pas son milieu électif ou exclusif, parce qu’elle a immédiatement affaire au plus vivant, comme le souligne ce texte de Claude Courtot. 

Fonds Éric Losfeld



 Il m’importe avant tout qu’on me raconte avec force détails des récits que je n’aurais jamais imaginés, des histoires qui n’ont absolument aucune chance de m’arriver, dont je ne pourrai tirer aucun enseignement, des aventures délibérément dépourvues de toute efficience. Relater par exemple quelque épisode intime, d’ordre strictement privé, divulguer un secret capital à moi seul confié ou tenir le journal de mon dernier rhume de cerveau. Rien que le périssable, le précaire, le fugitif comme les irremplaçables battements de pouls. C’est effrayant de penser qu’on se précipite vers la mort à 4800 pulsations à l’heure et qu’on ne peut pas freiner.

(Claude Courtot, « Cryptogramme », 1970, in Carrefour des errances, E. Losfeld, 1971.)

La poésie contre l’engagement

Baou

Fonds Philippe Audoin

1947
   L'autel réalisé par André Breton pour l’exposition internationale de 1947 (Galerie Maeght) conçue par ses soins avec l'aide de Marcel Duchamp entend fonder le mythe de ce personnage féminin mystérieux qui apparaît dans le poème Dévotion, parmi les ultimes Illuminations d’Arthur Rimbaud : 
   «  À ma soeur Léonie Aubois d’Ashby. Baou - l’herbe d’été bourdonnante et puante. - Pour la fièvre des mères et des enfants. »

Le merveilleux : un point de départ

Benjamin Péret

Fonds Pierre Faucheux


   Photographie de Benjamin Péret (1899-1959) utilisée pour la réédition de l'Anthologie de l'humour noir chez Jean-Jacques Pauvert (1966).    Il est le seul membre du groupe surréaliste initial resté auprès de Breton tout au long de son existence. Une amitié complémentaire qui les rassemble en « grains d’un même épis » (Benjamin Péret, Toute une vie, 1950) dans l’exigence partagée d’une séparation entre radicalité révolutionnaire et aspiration au merveilleux.

Les sous-vêtements de l'irréel





Joyce Mansour





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Fonds Pierre Faucheux

1965
   À réception de son recueil Cris (1953), André Breton va déclarer son enthousiasme pour ces poèmes au              « parfum d’orchidée noire - ultra-noire - » de Joyce Mansour (1928-1986). 
   La poétesse d’origine égyptienne restera proche du fondateur du surréalisme jusqu’à la fin de sa vie.


(Photographies de Suzy Embo)

André Breton, Joyce Mansour et Pierre Faucheux à la Galerie de l'Œil - Fonds Pierre Faucheux

1965

Cela signifie sans doute que j'ai rêvé

Jean-Pierre Duprey

Fonds Pierre Faucheux


   Qu’est-ce qui est poétique chez Jean-Pierre Duprey, « prince du royaume des Doubles » (Breton) ? 
   Ses textes ténébreux ? Ses actes sacrilèges ? Ses sculptures presque toutes disparues ? 
   Cette photographie du poète (1930-1959) de Derrière son double et de La Fin et la manière a été utilisée pour la réédition de l'Anthologie de l'humour noir chez Jean-Jacques Pauvert en 1966.

L'inconnu

Alain Jouffroy

Fonds Alain Jouffroy

1947
   Bien qu’exclu le 8 novembre 1948 comme membre d’une hypothétique            « Fraction Brauner » (en compagnie de  Sarane Alexandrian, Francis Bouvet, Stanislas Rodanski, Claude Tarnaud et Jean-Dominique Rey), Alain Jouffroy (ci-contre, debout, dans le groupe de gauche) maintint des relations amicales et des échanges féconds avec André Breton, dont la  rencontre fortuite en 1946 l’a marquée profondément. « De la Renaissance au surréalisme, l’homme a vécu dans un système de valeurs où le connu constituait la base et le sommet d’un formidable édifice. Breton par son seul manifeste, a changé cet édifice en château de cartes. » (Une Révolution du regard, Gallimard, 1964.)

Rébus

Jorge Camacho

Fonds Jean Schuster

1969
   Jorge Camacho (1934-2011) est un des derniers peintres importants du groupe surréaliste actif à Paris.
   André Breton lui a consacré un texte repris dans Le surréalisme et la peinture : Brousse au devant de Camacho (12 avril 1964).

Automatisme

Maurice Henry

Fonds Maurice Henry


   Connu pour ses dessins d’humour parus en albums et dans divers journaux, Maurice Henry (1907-1984) a adhéré au Grand Jeu puis, à partir de 1933, au groupe surréaliste jusqu'en 1951.
   Ce dessin tendant vers l’automatisme accompagne dans ses archives des textes transcrivant des rêves.

Jouer

Le syllogisme en 1952

Fonds Jean Schuster

1952
   Les jeux font partie des recherches constantes des surréalistes qui en élaborèrent de nombreux, lesquels n'ont pas bénéficié de la même fortune que celui dit du « cadavre exquis ».
  En revendiquant le jeu, ils entendaient contester le préjugé de frivolité qui s'y attache habituellement.

Jouer





Adrien Dax



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Fonds Jean-Louis Bédouin

1950
Le jeu de « La grille » a été  mis au point par le peintre  Adrien Dax (1913-1979), par ailleurs théoricien de l’automatisme.

La Grille d’Adrien Dax

Fonds Jean-Louis Bédouin

1950

Jouer

Promenons-nous

Fonds Gérard Legrand

1960
   Vaste jardin du XVIIIe siècle  alors fermé au public et présentant des folies aux fonctions mystérieuses construites par Racine de Monville, le désert de Retz a été l’occasion d’une expédition  pour le groupe surréaliste en avril 1960. 
   Comme le montre cette photographie de couverture de Denise Bellon, Breton avait donné pour consigne que chacun s’y rende muni d’un masque blanc.

(Plaquette de l’Exposition internationale du surréalisme, Galerie Schwarz, Milan, 1961)

À cœur perdu

À CŒUR PERDU

   

   En ouverture des textes rendant hommage à André Breton, mort le 28 septembre 1966, Philippe Audoin écrivait dans « Comme dans un rêve » (L’Archibras, le surréalisme en avril 1967) :

ANDRÉ BRETON 
1896 -1966

   Je cherche l’or du temps
   Le libellé de cette carte a été improvisé le matin même de sa mort par quelques-uns de ses amis. Les deux premières lignes se sont imposées d’emblée. La citation qui suit fut proposée peu après par l’un de nous, sans référence à son contexte et aussitôt retenue, sans vérification. Le soir, cherchant quel texte relire à l’exclusion de tout autre, je choisis sans hésiter l’Introduction au Discours sur le peu de réalité (septembre 1924).

Fonds Gisèle Freund




Ce sont de faibles repères de cet ordre qui me donnent parfois l’illusion de tenter la grande aventure, de ressembler quelque peu à un chercheur d’or : je cherche l’or du temps.

La page tournée :

une vie qui, je l’accorde, ne se distingue pas par essence de toutes les vies passées, mais qui ne doit pas non plus tout à fait en vain se voir assigner de telles limites : 
André Breton (1896-19..)


André Breton vient de mourir

L’or du temps

Fonds Philippe Audoin

1966
   Philippe Audoin (1924-1985) participe activement aux activités du groupe à partir du début des années 60. 
   Éric Losfeld écrivait à son propos dans ses mémoires d’éditeur : « Au fil des années soixante, Philippe Audoin fut en quelque sorte le Cingria du surréalisme. » 
(Endetté comme une mule, 1979)

Le seuil de la vraie vie

La mort d’André Breton

Fonds Jean Schuster

1966
Poème écrit par Jean Schuster, qui n'a finalement paru que de manière posthume dans le recueil de ses œuvres poétiques : Une île à trois coups d'aile (Le Cherche midi, 2007).

Surréalisme décidément pas mort

Cette interview, accordée au Figaro littéraire en mai 1967, précise les conditions de la reprise des activités du groupe surréaliste après la mort de son chef de file.

Fonds Jean Schuster

1967

Le surréalisme, demain

Dionys Mascolo

Fonds Claude Courtot

Octobre 1966
Proche du mouvement surréaliste dont il a partagé un certain nombre de combats depuis la fin des années 50, Dionys Mascolo est un ami personnel de Jean Schuster. Ensemble ils ont dirigé le journal anti-gaulliste Le 14 juillet (1958) et ils ont rédigé la Déclaration sur le droit à l'insoumission dans la guerre d’Algérie (1960) à laquelle Maurice Blanchot a apporté une contribution décisive.

 (La Quinzaine littéraire, 15-31 octobre 1966)

Surréalisme historique, surréalisme éternel

Le quatrième chant

Fonds Jean Schuster

1969
   Manifeste rédigé par Jean Schuster faisant le constat de la dissolution du groupe surréaliste parisien, conséquence de conflits internes depuis la disparition d’André Breton et de la rupture des événements de mai-juin 1968. 
   Non sans oppositions, notamment de la part de Jean-Louis Bédouin ou Vincent Bounoure, Jean Schuster revendique avec certains de ses amis (Philippe Audoin, Claude Courtot, Gérard Legrand,  José Pierre, Jean-Claude Silbermann) la persistance de l'esprit surréaliste en se passant d’un nom devenu sujet à malentendus : entre 1969 et 1972, il va s'incarner dans les sept livraisons de la revue Coupure.

 (Le Monde, 4 octobre 1969)

Demain l'hétérodoxie

Coupure n°7

Fonds Éric Losfeld

1972
   Après 1968, Coupure entend répondre à la crise de l’imagination. Cette revue rend finalement  manifeste que l’énergie théorique et poétique propre au mouvement surréaliste n’a pas réussi à se revivifier. Question de personnes? Question de contexte politique et social? Question d’enfermement théorique dans des présupposés qu’il conviendrait de penser autrement? 

      Coupure ne pouvait être qu’une revue de transition vers quelque chose de nouveau encore à définir.


Conception et textes : Jérôme Duwa

Traitement des documents : Claire Giraudeau et Agnès Iskander

Mise en pages : André Derval