Né dans la banlieue de Buenos Aires, Alfredo Rodriguez Arias, est metteur en scène, auteur dramatique, comédien et directeur de troupe. Avec Copi, Jorge Lavelli et Jérôme Savary, il appartient à une génération d'artistes dite des « Argentins de Paris » qui a marqué la vie théâtrale des années 1970 et 1980 en France.
Au terme d'une jeunesse marquée par des conflits familiaux, Alfredo Arias suit des cours de théâtre à l'Alliance française de Buenos Aires et fonde à avec quelques amis ayant connu au lycée la même éducation européenne, le groupe théâtral TSE en 1966. Il rêve alors, sur un modèle newyorkais, de mêler peinture, sculpture, musique, danse et théâtre. Ses premières créations, de Dracula à Aventuras ou Goddess, devenues vite des spectacles-cultes, empruntent aussi bien à la bande dessinée qu'au music-hall et aux genres mineures. Communiste et homosexuel affirmé, Alfredo Arias et son groupe affrontent cependant la censure et les premières vagues de répression de la dictature argentine. En 1968, ils décident de s'exiler et, après un séjour à New York, arrivent à Paris l'année suivante. Dès 1969, Alfredo Arias se fait remarquer par la création dans une petite salle du quartier latin d'Eva Peron, la pièce la plus politique de Copi, jouée en travesti par l'un de ses acteurs fétiches, Facundo Bo. Il va ainsi attacher son nom à celui du dramaturge et écrivain argentin dont il créera ou adaptera, au cours des décennies suivantes, plusieurs œuvres-clefs, notamment La Femme assise, avec Marilu Marini, Les Escaliers du Sacré-Cœur et Cachafaz.
Dans les années 1970, le groupe TSE présente les créations de pièces, souvent écrites par Alfredo Arias, où se conjuguent avec brio le fantastique, la féérie et la dérision : Comédie policière, Luxe, L'É toile du Nord, Les Jumeaux vénitiens de Goldoni mais aussi La Bête dans la jungle adaptée par Marguerite Duras d'une nouvelle de Henry James. Dès 1977, le groupe remporte un succès international avec Peines de cœur d'une chatte anglaise, qui doit autant à Balzac et aux gravures de Granville qu'à sa collaboration avec le scénographe Roberto Plate. Nommé directeur du théâtre de la Commune d'Aubervilliers en 1985, Alfredo Arias réinvestit, avec un imaginaire baroque où les costumes et les masques prennent de plus en plus d'importance, le répertoire traditionnel : Marivaux, Maeterlinck, Mérimée ou Shakespeare dont il créé La Tempête au Palais de Papes à Avignon, en 1986. L'année suivante, il monte La Ronde d'Arthur Schnitzler au Théâtre de l'Odéon avec la troupe de la Comédie-Française. À partir de 1992, il entame une longue collaboration avec René de Ceccatty autour de spectacles qui intègrent plus profondément musique, chanson et danse : Mortadela, Faust argentin ou Peines de cœur d'une chatte française (Molière du meilleur spectacle), La Dame aux Camélias avec Isabelle Adjani ou Conchita Bonita.
Alfredo Arias aura ainsi crée plus d'une soixantaine de spectacles dont on retiendra, dans les dernières années, Les Bonnes de Genet où il tient lui-même un rôle important, Madame de Sade d'après Yukio Mishima, les adaptations du Palais de la reine de Chantal Thomas et de Truismes de Marie Darrieusecq. Il a également publié en 1997 un roman, Folies Fantômes, au Seuil et un livre d'entretiens avec Hervé Pons, L'Écriture retrouvée, en 2008.
