Professeur de philosophie à Amiens, où il milite dans les cercles de la Libre pensée, Yvon Bourdet entre, en 1964, comme sociologue au CNRS. Ses premiers travaux portent sur l'austromarxisme, branche viennoise de la pensée marxiste dont il fait traduire pour la première fois en France certains...
...
Professeur de philosophie à Amiens, où il milite dans les cercles de la Libre pensée, Yvon Bourdet entre, en 1964, comme sociologue au CNRS. Ses premiers travaux portent sur l'austromarxisme, branche viennoise de la pensée marxiste dont il fait traduire pour la première fois en France certains des principaux théoriciens. A l'encontre de nombreux intellectuels de sa génération, il se tient à l'écart de la fascination qu'exerce, après 1945, le parti communiste et entame une critique radicale du léninisme. En témoigne son recueil d'articles Communisme et marxisme (1963). De 1954 à 1965, membre du groupe Socialisme ou Barbarie, il dialogue avec des formations libertaires, collabore à la revue Arguments et aux Notes critiques d'Edgar Morin. Après 1968, il rencontre György Lukacs auquel il consacre un essai Figures de Lukacs (1972). Sa vision d'un marxisme anti-autoritaire le rapproche de la revue Autogestion, fondée en 1966, dominée alors par le courant proudhonien, et dans laquelle il va jouer un rôle déterminant. Sa réflexion sur l'autogestion et sa critique du centralisme irriguent l'essentiel de ses publications : La Délivrance de Prométhée, pour une théorie politique de l'autogestion et Pour l'autogestion (1970 et 1974) ou L'Espace de l'autogestion (1978). De son enfance paysanne en Corrèze, il reste marqué par le déchirement linguistique et participe au mouvement occitan en publiant notamment Éloge du patois ou l'itinéraire d'un Occitan (1977).